Paris,
8 mars
François Fillon veut donner à l’Europe la direction politique qui
lui manque, selon son discours d’hier à Orléans. Il avait auparavant préconisé
l’institution d’un gouvernement de la
zone euro exercé, non par la Commission
mais par les chefs de gouvernement des Etats membres. C’est l’occasion de
s’interroger sur la notion d’Europe politique. S’il s’agit de contester la
légitimité du Parlement et de la Commission au profit des institutions
nationales, ce qui est présenté comme un progrès serait en fait un recul du
point de vue de la démocratie (diplomatie des rapports de force plutôt que
débat démocratique) et de l’efficacité (lenteur des décisions, hésitations à
recourir au vote majoritaire). Un progrès consisterait à renforcer plutôt la
légitimité des institutions intégrées en leur donnant un plus large accès aux
médias et en multipliant les occasions de débat entre institutions européennes
et organes nationaux. Au moment où il est question d’aller vers une Europe à
plusieurs vitesses, il serait paradoxal de prétendre créer une avant-garde dont
les mécanismes de décision seraient ceux de l’affrontement des souverainetés
sans médiation supranationale.
08 mars 2017
01 mars 2017
L'Europe dans la campagne électorale
Paris, 1er mars
Laissons de
côté les propositions de ceux qui envisagent d’abandonner l’euro, voire de
quitter l’UE, dont le caractère outrancier ne dissimule pas la nocivité.
Examinons plutôt le discours sur la dette et sur l’Europe des nations.
Certains
candidats et commentateurs semblent croire que nous devrions réduire dette et
déficit publics pour obéir à « Bruxelles ». C’est oublier que laisser
progresser une dette qui représente près de 100% de notre produit, ou même ne
pas la réduire, nous expose au risque de voir la charge devenir insupportable.
Quant à imiter l’Argentine et faire défaut, ce qui ne s’est pas produit depuis
la Révolution, ce serait une catastrophe économique et sociale inimaginable.
L’habitude prise de rapporter le déficit au produit national plutôt que le
définir en comparant recettes et
dépenses publiques dissimule le fait que plus du quart de nos dépenses
publiques est actuellement couvert par l’emprunt.
Autre
mensonge, présenter la formule de l’Europe des nations comme un renforcement de
l’UE, alors qu’elle représenterait un terrible recul. Un gouvernement européen
composé des seuls représentants des Etats, sans la caution démocratique du
Parlement et sans la présence d’un organe en charge de l’intérêt commun serait
un retour à la non-Europe.
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