23 octobre 2017

Brexit et Catalogne. L'Europe de retour ?




        Paris, 23 octobre 2017
 Paradoxalement le Brexit et la crise catalane pourraient contribuer à un certain retour en grâce d’une Union européenne en mal de soutien populaire. L’un et l’autre événement suscitent l’attention des médias. Dans un cas comme dans l’autre, l’appartenance à l’Europe est en question. Les Britanniques mesurent l’ampleur des difficultés dans lesquelles les a plongés un vote populaire motivé par des mensonges. Les Catalans découvrent que sortir de l’Espagne signifie sortir de l’Union européenne sans certitude d’un retour qui supposerait l’accord de Madrid. Face à ce double défi, l’Union a, jusqu’à présent, remarquablement maintenu son unité. Concernant le Brexit, la division est plus à Londres qu’à Bruxelles. Concernant la Catalogne, certains auraient souhaité une intervention, voire une médiation. C’eût été oublier que les traités font obligation à l’Union de respecter l’intégrité territoriale des Etats membres, que toute immixtion de l’Union sur un sujet aussi sensible pourrait avoir des conséquences redoutables, celle par exemple d’encourager les tendances irrédentistes que favorise partout le culte redoutable des identités ethno-culturelles.
         Est-ce à dire que l’Union soit condamnée au rôle de spectateur ? Son existence même, ses procédures qui tendent à substituer le droit à la  force pour le règlement des conflits sont une incitation permanente à la modération. S’y ajoutent sans doute des démarches discrètes auprès des antagonistes, notamment à propos de violences policières qui ne pouvaient que desservir la cause de l’unité espagnole. C’est aussi l’occasion de rappeler que l’Union, tout en respectant l’unité des Etats, valorise le rôle des régions, notamment par la création d’un comité des régions et par l’encouragement aux coopérations inter-régionales et transnationales. C’est aussi le moment de mettre à profit le retour d’une conjoncture favorable ainsi que les débats autour de l’appartenance à l’Union pour proposer un nouveau « narratif » qui mette en lumière le sens humaniste et la signification universelle du projet européen. C’est ce qu’a commencé notre nouveau président à Athènes, à la Sorbonne et en souscrivant à une Déclaration sur les symboles européens à laquelle manquait fâcheusement la signature de la France. Depuis le vote acquis de justesse sur le traité de Maastricht, nous n’avons cessé de sous-estimer l’effort de pédagogie nécessaire pour inscrire dans l’âme des peuples, et pas seulement des élites, le sentiment d’appartenance à l’Europe. Sachons faire des crises actuelles l’occasion d’une révolution culturelle afin que les liens qui unissent l’emportent définitivement sur les préjugés qui divisent.

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