27 novembre 2007

Voix de la France ou voix de l'Europe?

Paris, 27 novembre. Le voyage en Chine du président de la République, faisant suite ou précédant celui d’autres leaders européens, illustre une fois de plus la faiblesse de la voix de l’Europe dans le monde. Qu’il s’agisse du cours de la monnaie chinoise, du changement climatique ou des droits de l’homme, combien serait plus crédible la voix d’un président qui serait en mesure de s’exprimer au nom de l’UE. Menacer la Chine de l’application de droits compensateurs à des produits dont la fabrication serait particulièrement polluante n’a aucun sens en l’absence d’une position commune de l’Union. Il es est de même du cours du yuan ou du sort des prisonniers politiques.
On ne peut que se réjouir des contrats annoncés à l’occasion du voyage présidentiel, même si ces contrats sont l’aboutissement de longues négociations. Mais on éprouve un malaise à constater que les pays membres de la même Union se présentent en Chine comme partout dans le monde davantage comme des concurrents que comme des partenaires.
Peut-on espérer un changement après l’entrée en vigueur du nouveau traité ? Cela supposerait une parfaite entente entre les deux présidents (Conseil européen et Commission) et le haut-représentant pour la PESC, mais surtout un profond changement d’état d’esprit que, pour le moment, rien ne laisse prévoir.

22 novembre 2007

Un mode de gouvernance rigide. A qui la faute?

Paris 22 novembre Deux exemples de la rigidité qui marque les politiques de l’UE : l’Irlande devenue le pays le plus riche de L’Union après le Luxembourg a continué pendant des années à émarger aux fonds dits de cohésion, le montant des subsides versés aux agriculteurs n’a pas été, à ma connaissance, réduit pour tenir compte de la hausse considérable des prix constatée depuis plusieurs mois. Cette rigidité conduit à des situations inéquitables et parfois choquantes qui nuisent gravement à l’image de L’Union. Elle est la conséquence du mode encore beaucoup trop intergouvernemental de la définition des politiques même les plus intégrées et communautaires, comme la PAC. Dès que l’argent est en cause, l’unanimité est de règle. Les gouvernements ont la plus grande difficulté à s’accorder. Ils ont tendance à donner un caractère à la fois pluriannuel et rigide à leurs accords et ne sont pas prêts à donner à la Commission la possibilité d’adapter les politiques aux évolutions de la conjoncture. Autant il est anormal de maintenir le niveau des soutiens à une agriculture favorisée par l’envolée des prix, autant il serait imprudent et injustifié de les réduire de manière définitive et irréversible.
Autre exemple de rigidité : la Commission propose de plafonner les aides consenties aux plus grandes exploitations. Le Royaume-Uni et l’Allemagne s’y opposent car ils ont beaucoup de très grandes fermes (l’aristocratie anglaise et les anciennes coopératives de la RDA). Il semble que la France s’y oppose aussi sans trop le dire et en continuant à refuser, contrairement à la pratique anglaise, à la publication de la liste des bénéficiaires.

15 novembre 2007

La dissolution du groupe d'extrême droite au Parlement européen

Paris, 15 novembre Injuriés par la petite fille de Mussolini, les députés roumains ont provoqué en le quittant la dissolution du groupe que les nationalistes extrémistes de divers pays avaient réussi à constituer au Parlement européen. Cette affaire illustre l’incapacité radicale des nationalistes à s’entendre même pour critiquer cette Europe dont ils exècrent les valeurs. Saluons en revanche l’initiative du Parlement turc qui a invité simultanément à sa tribune le président israélien Pérès et le président palestinien Abbas. Le Parlement européen s’honorerait en valorisant notre extraordinaire acquis dans le domaine de la réconciliation des peuples en invitant des représentants de peuples dont les antagonismes renaissants menacent un peu partout la paix du monde. Au demeurant commençons à donner l’exemple en éradiquant les ferments de haine qui subsistent au sein même de l’Union. Le succès durable de l’élargissement en dépend.

09 novembre 2007

Le oui des socialistes

Platier, 8 novembre Le oui d’une nette majorité du Bureau national du parti socialiste (36 contre 20 et 2 abstentions) au nouveau traité que je préfère appeler de Lisbonne plutôt que modificatif (et surtout pas simplifié) a fait l’objet de l’ironie de la plupart des commentateurs. Je me distinguerai de cette unanimité critique en reconnaissant que face à une extrême gauche déchaînée et aux palinodies de Fabius appelant à un referendum tout en préconisant l’abstention, il fallait un certain courage à la majorité pour se prononcer en faveur du traité soumis au Parlement par Nicolas Sarkozy. Espérons que l’aggravation de la crise belge ne fera pas obstacle à la signature prévue le 13 décembre prochain à Lisbonne !

06 novembre 2007

Un Grenelle hexagonal

Paris, 6 novembre Le principal succès du Grenelle de l’environnement est d’avoir permis un dialogue apaisé entre producteurs et écologistes. On peut aussi se féliciter d’une prise de conscience de la menace planétaire sur le climat, de la nécessité d’une croissance plus économe en énergie et d’un certain recul de l’idéologie anti- nucléaire. En revanche, on est stupéfait qu’ait pu être envisagée l’instauration d’une écotaxe dans le seul cadre national. C’est bien par la fiscalité que l’on peut agir le plus efficacement contre les émissions de CO 2 et contre les autres formes les plus dangereuses de pollution. Mais il est évident que le pays qui avancerait seul sur cette voie se condamnerait à subir une concurrence parfaitement faussée. L’Union européenne, elle-même, pourrait difficilement instituer seule une écotaxe significative. Elle devrait proposer la généralisation de l’écotaxe au niveau planétaire à défaut de quoi elle serait fondée à protéger ses producteurs contre ce qui apparaîtrait comme une nouvelle forme de dumping, le dumping environnemental. Quand comprendrons - nous que les réponses aux défis du monde moderne ne peuvent être recherchées au seul niveau national ?